samedi 27 septembre 2008

Bleu, je veux

FMG © 2008

Que voulez-vous dire de plus ? Que pourrait-on ajouter à un tel ciel bleu ? Celui-ci est malgache. Mais il pourrait être de n’importe où. Y a-t-il un endroit sur Terre où le ciel n’est jamais tout à fait bleu comme celui-ci ? Je n’y crois pas.

Notre Terre est ainsi faite. Bleue par l’eau de mer, bleue par le ciel. Et ça adoucit les choses.

Les hommes sont face à une crise financière qui risque de faire mal. On ne s’en rend pas encore trop compte, mais on peut avoir quelques craintes. La recherche effrénée du profit par certains risque de conduire à la perte de beaucoup. Aujourd’hui même, 17 personnes sont mortes et 14 blessées dans un attentat à Damas. À New Delhi, il n’y a « que » un mort et 17 blessés. Et la journée n’est pas finie. Quelques maux parmi les maux…

Ça n’empêche pas le ciel d’être bleu, ici et sans doute en de nombreux autres lieux. Maigre consolation. Mais consolation quand même. Promesse de lumière. Il faut y croire. J’y crois.

Au-dessus des nuages, le ciel est toujours bleu.
(Leslie Walton)

mercredi 24 septembre 2008

L'arme absolue

Ce rouleau de papier collant, que les peintres utilisent pour masquer les parties qui ne doivent pas être recouvertes de peinture, est l’arme absolue. D’ailleurs, je ne m’en sépare jamais. Partout où je vais dans le monde, j’ai toujours un tel rouleau dans mon sac à dos. Je ne l’ai jamais regretté : c’est fou le nombre de petits problèmes que j’ai déjà résolus avec lui. Des clous qui dépassent d’une chaise et qui griffent la peau dès qu’on bouge un peu celle-ci, des bouts de valise qui se décomposent, des panneaux qu’on doit afficher sur des murs dont il ne faut surtout pas abîmer la peinture, et des tas d’autres petits bricolages que j’ai oubliés tant ils ont rapidement trouvé une solution grâce à mon tape.

Mais voilà, il n’y a pas que moi qui suis au courant qu’il s’agit de l’arme absolue. Les contrôleurs de sécurité de l’aéroport CDG de Paris le savent aussi. D’ailleurs, ils n’ont pas hésité un seul instant pour me confisquer mon rouleau lors de mon dernier passage. Quand je les ai interrogés sur le bien-fondé de cette confiscation, la réponse a jailli, évidente : « Mais vous pouvez menotter n’importe qui avec ça ! ». Euh, oui, effectivement, je n’y avais pas songé. Pas sûr que cette menotte tiendrait longtemps… quoique ! Il ne faut quand même pas oublier que c’est l’arme absolue.

Ce qui me surprend quand même, c’est que depuis la mise en place de ces indispensables contrôles de sécurité, c’est la première fois qu’on s’étonne de trouver un tel rouleau dans mon sac qui pourtant a fait l’objet de plus d’un contrôle.

Il faut bien avouer que ces braves contrôleurs – que je remercie d’habitude pour le boulot qu’ils font, ce qui les étonne toujours – devaient sans doute s’ennuyer dimanche passé et qu’ils avaient décidé de faire quelques victimes. Je suis bien resté un quart d’heure entier à voir ma petite valise et mon sac fouillés dans tous les sens, auscultés, examinés sous toutes les coutures. Visiblement, comme ils avaient déniché l’arme absolue, mon malheureux rouleau, je devais certainement être un dangereux personnage. Ils ont d’ailleurs trouvé une autre arme très périlleuse : une aiguille de seringue ! Dès que le pandore, l’air triomphant, l’a sortie de ma trousse de toilette, je lui ai dit qu’il pouvait la garder, que je n’allais pas chercher à lui expliquer ce qu’elle faisait là. Aurait-il compris qu’en cas de blessure quelconque, on n’a pas toujours envie de se faire piquer avec n’importe quelle aiguille dans les pays où je vais… Je n’ai pas osé lui avouer que depuis que je trimballe cette aiguille, elle ne devait certainement plus être aseptisée et qu’il valait mieux la liquider. D’autant plus, n’oublions pas, que j’avais quand même été pris en flagrant délit de port de rouleau de masquage de peintre !

Tout ça n’est pas très grave, j’en conviens aisément. D’autant plus que j’avais tout le temps devant moi avant le départ de mon avion, qu’il n’y avait qu’une poignée de personnes à passer les contrôles à ce moment-là et que – je le répète – ces contrôles de sécurité sont absolument (malheureusement) indispensables dans l’univers où nous vivons.

N’empêche, ça ressemblait quand même un peu à une grève du zèle, alors même que ce type d’action est illicite en France ! On peut le comprendre : si tous les contrôleurs de sécurité commencent à contrôler comme ils le doivent, il n’y aura plus aucun avion qui partira à l’heure, en admettant qu’il y en ait encore qui partent. C’est évident pour tous ceux qui font un métier de contrôle, mais c’est valable aussi pour n’importe quel métier. Il suffit d’appliquer scrupuleusement les règlements et autres procédures pour bousiller toute organisation. Heureusement, la plupart des personnes sont compétentes et savent que pour que les choses fonctionnent dans la vie, il ne faut pas être trop regardant sur les règlements. Être compétent, c’est (notamment) pouvoir apporter une réponse appropriée et inédite face à une situation nouvelle. Alors, les règlements, vous pensez bien…

Quoi qu’il en soit, dès mon retour, je remettrai dans mon sac un rouleau de papier collant de peintre, question d’avoir toujours avec moi l’arme absolue !

mercredi 17 septembre 2008

L'unique

Le lampadaire du Lieu unique © Alpix 2008

Un jour, un être cher m’a dit que j’étais quelqu’un d’unique ! J’en ai été très ému, parce que cet être cher était pour moi aussi quelqu’un d’unique. Je savais donc combien c’était important de dire cela… Ce n’est pas le genre de choses qu’on dit tous les jours et à n’importe qui.

J’en suis convaincu, et pourtant, il n’y a finalement rien de plus banal que d’être quelqu’un d’unique ! Ne le sommes-nous pas tous, uniques ? S’il y a bien des fous qui essaient de cloner des êtres vivants, ils sont quand même minoritaires et jusqu’à présent – ah ! mon clavier d’ordi n’est pas en bois et j’aimerais pourtant en toucher – aucun être humain n’a été cloné.

Chacun de nous est donc intrinsèquement unique. Il n’y a pas d’autre moi. Il n’y a pas d’autre toi. Nous sommes uniques, toi et moi, comme tous les autres. C’est vraiment extraordinaire… C’est unique ! Depuis la nuit des temps, il y a eu des milliards d’hommes et de femmes, tous uniques. Dès le premier moment de leur existence. Un homme rencontre une femme. Ils sont tous les deux uniques. Ils se rencontrent un peu plus intimement, et de cette intimité unique, naît un nouvel être unique. Les mêmes homme et femme pourront encore se rencontrer intimement – ils auraient bien tort de s’en priver ! – et il pourrait chaque fois en naître un nouvel être unique. Même des jumeaux parfaits ont leur unicité propre. Il suffit d’un détail. Il suffit aussi de la vie qui fait que même si les gènes sont tous les mêmes, l’expérience, elle, n’appartient qu’à chacun.

Ça n’a l’air de rien, mais c’est une véritable merveille. Chacun de nous est unique. Nous sommes tous perdus dans l’immensité, mais nous sommes tous, dans cette immensité, absolument uniques ! N’est-ce pas le plus grand et le plus merveilleux des mystères ?

Alors, quand un être cher vous dit que vous êtes quelqu’un d’unique, il ne dit peut-être que la plus banale des banalités, mais le simple fait de le dire transforme cette banalité en merveilleux mystère.

Vous a-t-on jamais dit que vous étiez quelqu’un d’unique ? Moi, oui. Et c’est inouï !

lundi 15 septembre 2008

A Saucerful Of Secrets

Richard Wright est mort. C’est un peu de ma jeunesse qui fout le camp.

Avec Pink Floyd, dont il était le claviériste, il créa des morceaux inoubliables. Ces longs délires planants - A Saucerful of Secrets, Echoes ou encore Shine on You Crazy Diamond -, c’est (notamment) lui. Il n’avait sans doute pas le charisme ni la folie de Roger Waters ou David Gilmour, mais sans lui, Pink Floyd ne serait pas Pink Floyd. Il paraît même qu’il est le seul, avec Nick Mason, à avoir fait tous les concerts de Pink Floyd.

Je ne suis pas un spécialiste et la musique anglo-saxonne n’est pas ma tasse de thé. Mais Pink Floyd, c’est quelque chose à part. Je me revois, au début des années 70, couché dans l’herbe ardéchoise, en pleine nuit, à regarder les étoiles tout en écoutant ces morceaux divins. Ils nous transportaient vraiment dans un autre monde. Celui de l’évidence directe. Là où les détours n’existent plus.

Alors, Wright parti, c’est un peu de cette évidence qui disparaît aussi. Et ça, ce n’est vraiment pas évident !

dimanche 14 septembre 2008

Impossible justice

Le 12 avril 2006 eut lieu, dans le hall de la Gare Centrale de Bruxelles, le crime le plus stupide qui puisse exister : un jeune a tué à coups de couteau un autre jeune pour lui piquer son lecteur MP3. Ce crime atroce a suscité un grand émoi en Belgique, une grande solidarité qui s’est traduite une dizaine de jours plus tard, le 23 avril, par une grande marche silencieuse réunissant 80 000 personnes.

Ce lundi 15 septembre 2008 commencera le procès - devant la Cour d’assises - d’Adam, le meurtrier de Joe. Adam aurait pu tout aussi bien y être accompagné de Mariusz. Une seule certitude, ils étaient complices. Mais Mariusz était un peu plus jeune et sans doute un peu plus intelligent. Il put mieux se vendre et fut finalement jugé devant les juridictions de la jeunesse. Enfermé dans un IPPJ, il en sortira dans un an. Adam, lui, un peu plus âgé et n’ayant pu montrer un véritable remord, risque 30 ans de prison.

Les faits sont horribles. Et c’est avec raison que 80 000 personnes ont manifesté leur solidarité avec les parents de Joe et demandé que justice soit faite.

Mais quelle justice ? Joe ne reviendra plus. Il ne méritait pas ça, ni ses parents ni ses amis. L’application des lois en matière de protection de la jeunesse a entraîné une différence de traitements qui pose certes question. Assurément, c’était Adam qui tenait le couteau du crime. Probablement, était-ce Mariusz qui tenait l’intelligence du crime.

Les parents de Joe sont victimes. Ils ne reverront plus leur enfant et il n’y a pas de plus grande souffrance. Souffriront-ils moins si Adam est sévèrement condamné ? Souffriraient-ils moins si Mariusz était aujourd’hui à côté d’Adam pour rendre compte de leurs actes devant la justice ? Je n’en sais rien, mais je n’en suis pas convaincu. Cela leur appartient, malheureusement pour eux.

Quoi qu’il en soit, quelle justice notre société peut-elle apporter dans une telle situation ? Punir ? Il le faut, sans doute. Mais cela ne résout rien. Pas plus qu’une décision laxiste. Il faut être ferme tout en permettant une – improbable ? – prise de conscience de la part de ces jeunes assassins qui leur permettraient de se réinsérer, en (re)devenant des hommes. Est-ce possible ? N’est-ce pas qu’un doux rêve d’un idéaliste irréaliste ? Peut-être, mais c’est ce qu’il faudrait.

J’ose espérer et croire que la sérénité présidera les débats et que la lucidité éclairera les décisions. De toute façon, la situation est un gâchis lamentable. Faut-il accroître celui-ci ? Peut-on accorder le moindre crédit à des ouvertures d’espoir ? Suis-je tellement naïf de penser que la loi du talion – Œil pour œil, dent pour dent – n’est pas la loi d’une société civilisée ? Qui oserait l’affirmer ?

Les jurés, eux, devront trancher. En âme et conscience. Mais où sont l’âme et la conscience dans ces cas-là ? Quelle que soit la décision, il s’en trouvera pour la critiquer : pas assez sévère, trop rigoureuse… Justice sera faite. Quelle justice ?

samedi 13 septembre 2008

Croque la vie

FMG © 2008

L'herbe est verte, mais les souliers sont rouges. Rouges comme les braises, comme le vin, comme la croix, comme le poisson, comme la viande, comme la rose, comme le sang, comme le foulard, comme les lèvres. Rouges comme la vie.

Croque la vie. Ces souliers ne sont qu’une imitation des originaux, mais je m’en fous. Je les ai vus un jour sur un marché, pour un prix défiant toute concurrence. C’est à peine si on ne me les donnait pas. Comment aurais-je pu résister ? L’appel de la vie était le plus fort !

Dès le premier instant d’enchâssement, ce fut l’éden. Quel confort. Quelle légèreté. Quelle souplesse. On se prélasse vraiment dans ces chausses. Ce n’est plus une semelle, mais un coussin de confort.

J’avoue ne pas encore être allé travailler ainsi chaussé. Je ne crois pas que je le ferai. Je me demande même si je suis jamais sorti de chez moi pour aller dans le monde réel avec mes croque la vie. Est-ce une peur, absurde sans doute, que la vie me croque parce que je ne serais pas tout à fait dans les normes ?

Qu’importe… Quand je les ai aux pieds, je me sens bien. Ça, c’est important. D’aucuns trouveront sans doute ce billet bien léger et anodin. Il l’est vraisemblablement. Pourtant, quand on y pense, il ne l’est pas tout à fait. J’ai écrit par ailleurs, il n’y a pas longtemps, que c’est en se disant que tout est toujours possible que de nombreux défis le deviennent. Voilà une démarche bien cérébrale. Alors, se dire qu’un peu de bonheur peut aussi venir par les pieds et par la maison qu’on leur donne, ce n’est pas inintéressant.

Ça confirme en tout cas ce que Prévert a écrit dans son merveilleux poème Dans ma maison :

C'est très intelligent les pieds
Ils vous emmènent très loin
Quand vous voulez aller très loin
Et puis quand vous ne voulez pas sortir
Ils restent là ils vous tiennent compagnie
Et quand il y a de la musique ils dansent
On ne peut pas danser sans eux
Il faut être bête comme l'homme l'est souvent
Pour dire des choses aussi bêtes
Que bête comme ses pieds gai comme un pinson
Le pinson n'est pas gai
Il est seulement gai quand il est gai
Et triste quand il est triste ou ni gai ni triste

vendredi 12 septembre 2008

Vert, j'espère

FMG © 2008

Aujourd’hui, il pleut. Et le bleu a disparu pour ne laisser la place qu’à un improbable gris. Mais le vert, lui, est toujours là. Aussi limpide. Aussi vivifiant. Aussi tenace.

Cela montre bien que l’essentiel est en nous. C’est mon herbe qui est toujours aussi verte. Bien sûr, l’herbe du lac ne m’appartient pas et je ne cherche pas à me l’approprier. C’est évidemment une image. Aussi virtuelle que ces quelques mots.

Mais derrière la virtualité, il y a la réalité : c’est en ayant confiance en nos propres capacités que nous pouvons avancer. C’est en se disant que tout est toujours possible que de nombreux défis le deviennent. C’est en allant chercher notre énergie au fond de nos entrailles qu’on prend conscience de toute l’énergie que les autres nous donnent.

Qu’importe qu’il pleuve. L’herbe reste verte. C’est même grâce à la pluie qu’elle le devient et le reste. Aussi verte que l’espoir.

Pourquoi irais-je chercher plus loin ? Il suffit de faire le tour du lac et de s’enivrer de verdure !

jeudi 11 septembre 2008

De bleu et de vert

FMG © 2008

Mon ami Robert écrivait « De toujours croire au bleu fait du temps gagné sur le gris ». J’ajouterais, avec moins de talent, « Garder confiance au vert de son herbe donne des couleurs à la vie ».

Chacun à son tour rencontre des difficultés dans sa vie. Qui pourrait le nier ? On a alors l’impression que tout est noir, que la lumière est partie ailleurs visiter d’autres univers.

Pourtant, la lumière est toujours là, quelque part. Pas évidente à voir, mais qui peut faire jaillir ses rayons à n’importe quel moment. Il suffit de peu de choses. Un peu d’écoute, un peu de dialogue, beaucoup de confiance, beaucoup d’humilité aussi.

Quand tout va mal, on a l’impression qu’on ne vaut rien. Juste une plume que le vent peut transbahuter sans attacher aucune importance aux rêves. Pourtant, c’est en se disant qu’on n’est pas tout à fait nul, qu’on a quand même certains mérites, que finalement les autres ne valent peut-être pas beaucoup mieux, bref, c’est en se disant que l’herbe du voisin n’est pas plus verte qu’on peut au détour d’un chemin apercevoir un peu de bleu, et derrière lui toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.

Ce n’est bien sûr pas pour autant que tous les problèmes s’envolent. Ce serait trop simple. Mais savoir qu’il est encore possible de voir du bleu adoucit certainement l’aridité de la solitude et la froideur de l’incompréhension.

En écrivant cela, je me rends compte que je fais sans doute preuve de beaucoup de naïveté. Qu’importe. Je préfère être naïf et voir du bleu que de broyer du noir en toute lucidité. Et puis, ai-je vraiment tort ? C’est le penser qui serait une erreur.

Alors, ce midi, je me suis gavé de bleu et de vert autour de ce lac de Louvain-la-Neuve qui a beaucoup plus de valeur qu’on ne le pense. Ce n’est qu’un égout au bout du compte, mais c’est fou comme il permet de respirer le goût de la vie.

dimanche 7 septembre 2008

Ombre et lumière

FMG © 2008

Certains aiment vivre dans la lumière. D’autres dans l’ombre. D’autres encore parfois dans la lumière et parfois dans l’ombre. Qu’importe après tout. C’est une question de choix, de personnalité, de bien-être.

C’est l’évidence même, et dit comme ça, il ne se trouvera personne pour me contredire, tellement c’est flagrant. Mais cette évidence devient plus subtile lorsque l’autre n’agit pas dans la lumière alors qu’on voudrait qu’il le fasse ou accapare à lui les feux des projecteurs alors qu’on aimerait bien qu’il soit un peu plus discret.

Ce deuxième cas est fréquent, mais finalement assez simple à gérer. Nous connaissons tous ces personnes qui ont toujours besoin de se mettre en première place, de montrer que rien ne serait possible sans eux, de briller dans la lumière même quand celle-ci n’est pas limpide. Ils sont un peu énervants à force de trop en mettre, mais finalement personne n’est dupe et on les laisse faire sans trop se préoccuper de les remettre à leur place. Finalement, leur lumière n’est jamais qu’un peu de vent.

Le premier cas est plus délicat, plus difficile à comprendre et à accepter, du moins pour ceux qui vivent dans une lumière normale. Le problème de quelqu’un qui vit plus dans l’ombre qu’il ne le devrait, c’est qu’on ne le voit guère, qu’on ne sait pas trop ce qu’il fait… et qu’on finit donc par croire qu’il ne fait rien puisque ceux qui sont dans la lumière ne voient pas trop ce qui se cache dans l’ombre.

Est-ce que pour autant ceux qui se sentent à l’aise dans l’ombre ne font rien ? Est-ce qu’ils prennent moins leurs responsabilités ? Est-ce qu’ils sont moins efficaces, responsables et méritants que ceux qui n’oublient jamais d’allumer l’interrupteur pour qu’on voie ce qu’ils font alors que les premiers ne passent pas leur temps à éteindre l’interrupteur, mais aiment agir quand il est éteint ?

Même s’il m’arrive d’être dans la lumière, quand il le faut, je suis plutôt un homme de l’ombre. Réverbères ! Je ne suis pas créateur de lumière. J’aime la lumière, mais simplement pour la renvoyer, la rediriger là où elle est nécessaire. Et je n’aime pas trop me placer moi-même dans le faisceau ainsi créé. Je reste du côté du réverbère, mais je ne vais pas du côté de la lumière.

Ai-je tort ? Sans doute en partie. D’aucuns me le reprochent d’ailleurs. Et j’ai plutôt tendance à considérer qu’il n’y a pas de fumée sans feu. J’aimerais simplement qu’on considère aussi qu’il n’y a pas de rai sans lumière et que si l’ombre laisse apercevoir un peu de ce qui s’y vit, c’est bien qu’il doit y avoir de la lumière quelque part. Sans doute est-ce difficile pour certains d’y croire encore lorsqu’on ne voit que l’ombre. Et sans doute donc, faut-il accepter de se mettre parfois dans la lumière, même si on n’aime pas ça, même si on n’en retire pas grand chose, si ce n’est vacuité et futilité. Ainsi va la vie, sans doute ?

samedi 6 septembre 2008

Péter les plombs

Qu’est-ce qui fait que quelqu’un pète soudainement les plombs ? Qu’est-ce qui fait que toute rationalité disparaît subitement d’un esprit doué pourtant d’une rigueur efficace ? Qu’est-ce qui fait que tout peut exploser, d’un seul coup, sans plus aucune maîtrise de soi ni des autres ?

Suffit-il d’un « non » qui s’oppose à une volonté farouche et égoïste ? Pourtant, la vie n’est-elle pas un immense apprentissage du « non » ? Il vient dès qu’on est très petit et est indispensable pour grandir. Il fait fondamentalement partie de l’éducation et il s’y vit d’ailleurs en double sens : tu dis non, je dis non, nous disons non… nous aimerions bien dire oui, mais il faut, pour toi comme pour moi, dire non. C’est la vie.

On apprend à l’accepter, à lire les non, à savoir qu’ils ne sont souvent qu’un moyen pour dire d’aller plus loin, tout simplement, de devenir autonome, responsable, libre, non dépendant du oui de l’autre. N’entendre que des oui nous rendrait foncièrement dépendants de celui qui les prononce. Alors, pour celui qui éduque, dire non, c’est dire « Débrouille-toi autrement ! Débrouille-toi sans moi ! Trouve une solution par toi-même ! ».

Évidemment, il faut un minimum de résistance à la frustration. De toute évidence, tout le monde n’a pas ce minimum.

Alors, quand on dit un non, relativement bénin et justifié, on s’étonne – c’est le moins que l’on puisse dire – que l’autre pète, une fois de plus, les plombs, en fait une affaire d’état menaçant sa vie. Ça ne s’explique pas. Ça se constate. Et ça se vit dans la douleur.